Publié initialement le 25 Aout 2006 "My best teacher: Ahmet Zappa" de Geraldine Brennan
http://www.tes.co.uk/2273755
Photo: Neil Turner
traduction: studioh@free.fr pour Zappa In France
J'ai eu une éducation très hollywoodienne dès mon plus jeune âge. Mon père, Frank Zappa, dirigeait sa propre maison de disque depuis notre maison familiale et on y baignait constamment dans la créativité et les produits de l"imagination, sans parler des visiteurs tous plus intéressants les uns que les autres qui nous rendaient visite. Les personnes qui apprécient mon père ont toujours eu tendance à être des brainiacs ( contraction de brain = cerveau et de maniaque > soit "intello" sous nos latitudes voir " torturés de la cervelle"), - mon père en était un du reste -, et ils avaient des jobs en moyenne beaucoup plus intéressants que les fans des Stones.
Un de ses amis travaillait pour la NASA et il lui avait rapporté un éclat de météorite, je me revois très bien examiner l'objet et penser " ce truc vient de l'espace". Mon père possède une planète à son nom ansi qu'un poisson. Il existe également un endroit dans l'espace aérien du triangle des Bermudes qui porte le nom de "Zappa Space" (ndlr: un rapport avec le visuel de la pochette de "Trance Fusion" ?)
J'ai beaucoup manqué l'école car nous l'accompagnions assez souvent lors de ses tournées, lorsque les autres gosses de mon âge potassaient les pays lointains moi, je m'y rendais physiquement. C'était une éducation à la vraie réalité du monde finalement. A la maison nous construisions notre propre univers. Quelquefois cependant j'étais obligé de me rendre en cours.
Le premier établissement que j'ai fréquenté a été une école maternelle près de notre domicile sur Hollywood Hills. J'aurais fait n'importe quoi pour m'en échapper. Avec mon copain Nat Williams, qui est devenu depuis un véritable ami, je me suis échappé une fois en passant par l'infirmerie de la salle des profs pour aller rejoindre le car-wash tout proche et pisser à l'intérieur des voitures.
Puis il afallu que j'aille à l' Oakwood Elementary School, où j'ai été très malheureux J'étais intégré socialement et j'avais de bons amis mais je souffrais de dislexie ce qui me rendait l'apprentissage de la lecture et de l'écriture très difficiles. J'avais développé une forme de phobie à l'encontre des livres car on avait sans cesse à en faire des exposés.
Les images m'aidaient à tricher et à m'en sortir. Je me débrouillais pour choisir celui qui avait une couverture intéressante et me concentrais uniquement sur le paragraphe en forme de résumé au dos du bouquin, ensuite j'inventais ma propre histoire en espérant que le prof ne l'ai pas lu.
Je fourmillais d'idées et tout restait très vivace dans mon esprit mais mon cerveau fonctionnait plus vite que ma main et je ne pouvais pas m'exprimer au moyen de l'écriture. La pression était toujours très intense et j'étais constamment partagé entre rage et frustration.
La 6e a été l'année où cette maladie est devenue vraiment problématique, mais c'est paradoxalement la seule année où je n'ai pas été nul, notamment à cause de Tracy McDonald qui était mon professeur cette année-là.
Elle était plus jeune que mes parents, la vingtaine et je la trouvais cool et glamour. Elle a consacré pas mal de son temps libre avec moi. Elle avait une jeune soeur et le week-end parfois ou après les cours elle pouvait m'emmener, moi et ma soeur au bowling ou au ciné.
Tout au long de l'année, tout ce que nous avons étudié avait toujours un rapport avec les anciens Egyptiens, ce qui m'a bien plu. J'ai adoré aller à l'école cette année-là. Mais en 5e ça a été de nouveau la cata.
Lorsque j'ai atteint la 4e, j'ai arrêté les frais. Je ne pouvais plus suivre. Mes parents m'ont inscrit à des cours par correspondance afin de ne pas se retrouver accusés d'interrompre ma scolarité. Plus tard je me suis rendu en ville afin d'obtenir le certificat d'équivalence d'études supérieures: le test était supposé durer 4 heures mais au bout de 5 minutes j'étais déjà sorti.
Donc je n'ai pas décroché mon bac. De tous mes frêres et soeurs, seule Lisa a terminé sa scolarité. De toute façon mon père n'avait cure de ce genre de truc. Il pensait que que le système scolaire ruinait l'imagination des gosses.
Jusqu'à un an et demi de cela je n'étais toujours pas capable de coucher mes idées par écrit. J'ai eu pas mal de succès à la télévision mais mes projets sont souvent restés en carafe du fait que je ne pouvais pas proposer de scénario.
La première version de mon bouquin, " The Monstrous Memoirs of a Mighty McFearless", devait être un simple livre d'images traitant des diverses façons pour se défendre face aux monstres, avec une multitude de recettes pour y parvenir, illustrées par mes propres dessins et photographies. Le fils de mon avocat l'a recommandé à un agent, qui ne s'occupait pas traditionnellement de publier de la littérature enfantine, mais qui a été intrigé par le fait qu'un gosse de huit ans puisse le lui recommander.
Mon éditeur américain, Random House, a bien aimé le concept mais il désirait y ajouter une nouvelle de 70 pages, ce à quoi mon agent lui a répondu: "OK, he'll do it" sans me demander au préalable. Ma prémière réaction a été de dire "On va laisser trainer les choses en longueur " mais grâce aux encouragements de mon agent et de l'éditeur j'ai réussi à trouver la motivation nécessaire à l'écriture de mon histoire.
Car vous voyez c'est énorme personnellement de penser que jusqu'à l'aube de mes derniers jours je resterai capable de me poser où je veux afin de coucher sur le papier tout ce qui me passe par la tête. Ahmet Zappa
Fraggle Rock, les Douzes heures, la grande Crado vous vous rappelez ? Et bien Ahmet, toujours lui vient de signer en temps que producteur exécutif pour une adaptation au grand écran car fan dès son plus jeune âge de cette série d'animation de marionnettes échappées du Muppet Show... Zappa au Muppet Show voilà qui aurait été top !
Nous discutions avec Ahmet de films et de livres, " explique Lisa Henson. "quand pendant la conversation, j’ai eu l’intuition qu’il devait être un fan de Fraggle Rock. Il a bondi hors de son siège lorsqu’il a entendu notre idée d’en faire un long-métrage." > Toutes les infos là et là ... et également là:
http://www.unificationfrance.com/article.php3?id_article=2165
|
Publié le 14 Avril 2005
La caverne
d'Ali
Zappa
Gail Zappa possède une horde d'enregistrements qui pourraient remplir une centaine d'albums et elle espère tous les réaliser, petit à petit écrit Germaine Greer - traduction: studioh@free.fr pour Zappa In France
J'ai fait la connaissance de Frank Zappa en 1973, je pense que ça a dû se passer, lors d'un petit-déjeuner sur Hernando's Hideaway, au coffee-shop de l'Hotel Willshire de Beverly où lui et sa femme résidaient en attendant que leur maison de Laurel Canyon soit finie d'être redécorée. Leur attention avait été attirée sur moi par le bruissement répétitif du papier journal de mon exemplaire du Times importé par avion, ainsi que par mes soupirs profonds. Ils m'avaient alors demandé qu'est -ce-qui n'allait pas, et quelle était la cause de soupirs si fréquents et si profonds.
-" Mon petit ami vient de m'avouer qu'il avait des morpions, il m'accuse de les lui avoir refilés et moi, je suis contrariée que ce bâtard me les ai refilés."
-"C'est pas un problème" avait répondu Frank. Sa Rolls Rolls noire aux vitres teintées attendait garée sur le parking de l'Hôtel, en un rien de temps nous fûmes au Schrob's Drugstore et Frank apostrophait un clone de Lana Turner se balançant sur un tabouret derrière un comptoir: "Blue Lotion, de la Blue Lotion pour les "crabes " s'il vous plait !". Faisant raisonner ces mots comme une fanfare triomphante.
Frank et Gail semblaient être les deux seules personnes saines d'esprit dans cette affreuse ville, qui pour moi a toujours ressemblé à une antichambre de l'enfer. Ils ne passaient pas tout leur temps au Rodeo Drive ni au Polo Lounge. Ils étaient simplement heureux de sortir ensemble en compagnie de leurs enfants, qui les adoraient d'ailleurs, ce qui les rendait atypiques dans un paysage peuplé principalement de relations chaotiques et de divorcés en série.
Frank passait la majorité de son temps, ce qui n'était jamais assez, enfermé dans son studio, à faire de la musique électronique. Une fois ou deux il a tenté de me faire écouter ce qu'il faisait, malheureusement je n'ai absolument rien compris. Mes commentaires n'ont pas dû être très intelligents, comme ils n'ont pas dû être stupides non-plus je suppose. Aujourd'hui je regrette de n'avoir pas écouté plus assidûment et posé plus de questions. Maintenant je suis obligé de me rattraper en essayant de dénicher plus de musique "sérieuse" de la part de Frank. Ce n'est pas si facile. J'ai juste dépensé une fortune à télécharger les réalisations de Rykodisc sur internet mais comme mon équipement n'était pas configuré: tout ce que j'ai eu en échange de mon argent est uniquement les titres des fichiers.
Je suis venue au rock assez tard au travers du "rythm and blues". Je n'avais jamais été convaincue par les postulats des milieux autorisés à la lèche des mouvements pacifistes et de la contre culture. Je connaissais les Fugs longtemps avant de connaître Zappa et d'écouter sa musique avec le même esprit, et prenant son discours pour une critique sauvage voir ironique de la culture de masse. Je l'ai certainement imaginé beaucoup plus radical qu'il n'était en réalité; je ne doutais pas du fait qu'il puisse prendre de la drogue - ce qu'il n'a jamais fait - et aussi que c'était la cause qu'il était perpétuellement entouré d'une nuée de groupies - alors que ce n'était pas vrai. Son amour pour sa femme et pour ses enfants était beaucoup trop grand pour cela.
Sa radicalité, ce que je ne saisissais pas à l'époque, il la réservait à sa musique. Toutes ses tournées et ses enregistrements servaient à financer ses compositions. Ce qui me semblait être une satire n'était en fait qu'un pastiche désabusé. Il faisait cela et doutait de lui en même temps.
J'aimais le look que Frank arborait, sa longue tête étroite, ses yeux intelligents et la courbure dionysiaque de son sourire, souligné par par le noir profond de sa moustache et de sa barbe, le tout entouré d'un nuage flottant de bouclettes "noir-bleutté". Il était fier d'être aussi exotique car son apparence était la preuve même de sa descendance Italienne et Sicilienne. Et pour courronner le tout, il savait mettre en exergue le pire chez ses contemporains.
Je possèdais pas mal de ses albums commerciaux, Weasels Ripped My Flesh, Hot Rats, Burnt Weeny Sandwich, Just Another Band From LA, Ruben and the Jets, We're Only In It For the Money, Lumpy Gravy. En fait ils n'étaient pas tous si commerciaux que cela d'ailleurs. Frank n'a jamais vraiment touché le jackpot. Je me doutait que tout ces bénéfices finissaient dépensés dans de coûteuses collaborations avec des orchestres et dans le dévellopement d'un studio où il pourrait travailler de morceaux en morceaux , maquettant sur son Synclavier.
Je n'en percevais même pas la moitié.
Dans les années '60 il travaillait déjà avec Jean-Luc Ponty sur la musique de King Kong. Je n'étais pas au courant de ses concerts en l'honneur de l'oeuvre d'Edgar Varése, pas plus qu'il avait été un fan de ce même Edgar Varèse depuis son tout jeune âge. Il a été à la tête des hommages à Varése de New-York et de San Francisco. En 1993, quatre mois avant sa mort, Frank a dirigé l'Ensemble Modern au cours d'un programme entier consacré à Varèse.
L'Ensemble Modern a aussi enregistré un album des compositions de Zappa dénommé le Requin Jaune. Quatre mois après Frank trouvait la mort.
Je suis revenu à la musique de Frank après m'être engagée auprès du modeste mais parfaitement équilibré Britten Synfonia , qui inclut occasionnellement des morceaux de Zappa dans son répertoire.
De la "modern classic music", que j'aurais facilement taxée de "cacophonie" 30 ans auparavant était devenue légitime à mes oreilles, en partie aussi parce que pour la première fois je l'avais entendue jouée convenablement... et par conséquant j'avais pu mesurer la liberté et la clareté de ses structures musicales.
J'en suis arrivée à un point où je pourrais presque réellement comprendre le projet de Zappa, en dépit du fait que ceux qui étudient sa musique utilisent plus facilement une réthorique rébarbative pour décrire la théorie de "la Big Note" et son esthétique maximaliste.
Dans l'univers de Frank chaque son à sa propre valeur et chaque évènement est une partie de l'accord universel, cette vibration énorme qui compose l'énergie plus qu'elle ne la réfléte. Je suis assez mûre maintenant pour la saisir, mais la totalité de son travail musical reste iinécouté et le restera probablement à jamais. Gail Zappa est dorénavant à la tête de la "cave aux trésors" que j'ai entrapercus il y a bien des années maintenant. Cela la rend tellement anxieuse que le testament de Frank ne soit pas reconnu et exploité dans le bon sens, que jusqu'ici l'accès à ses compositions a été strictement limité. Elle espère pouvoir sortir au moins une centaine d'albums au moyen d'un nouvel label , Vaultvertine Records que produit Dweezil Zappa. Les bandes "master" terminées par Frank existent bel et bien. Dans le même temps nous avons à faire avec des ouvres qui se sont quelquefois échappées des sous-sols, comme G-spot Tornado, que je désire que l'on joue à mon enterrement.
Il y a deux versions performées à l'heure actuelle, celle de l'Ensemble Moderne, à tombeaux ouverts, et celle du Britten Sinfonia moitié moins vite. La version du Britten Sinfonia est un poil plus sexy et ironique mais Frank a plus à voir avec la première. Au point où en sont les choses, Gail imposera son veto sur tout autre travail effectué d'une manière ou d'une autre.
Ce morceau me fait me souvenir de l'incroyable capacité de Frank à booster de l'excitation à la moindre occasion.
Une fois au supermarché, Frank s'était retrouvé distancé assez loin de nous, les deux femmes, qui poussions notre caddy et vaquions à nos propres occupations. Frank était royalement enserré dans une salopette d'un bleu turquoise violent avec la fermeture éclair ouverte jusqu'en dessous du nombril laissant apparaître une pleine touffe de poils sans aucune trace apparente de sous-vêtements. Un couple de clients apparement fascinés par le spectacle avaient commencé à le suivre, la femme n'arrêtant pas de le titiller et d'y aller de ses commentaires à haute voix. Frank résista aussi longtemps qu'il put, puis, se retournant vers elle il lui lâcha un:
" Eat ! My ! Shit ! "
Elle en devint toute blanche sous le choc. Son compagnon qui devait au moins peser quatre fois le poids de Frank lui balanca une droite dans sa direction. Frank se mit hors d'atteinte, impassible. Par la suite il réussit à calmer le jeu par la parole mais tout ça a pris du temps. L' excentricité parmi la conformité était le jeu auquel aimer jouer Zappa mais dans le Beverly Hils des années '70s, l'exentricité pouvait parfois être dangereuse.
http://arts.guardian.co.uk/features/story/0,,1458994,00.html
Au début de ce mois sur BBC Radio, Germaine Greer diffusait au cours d'une émission ses interviews de Dweezil, Gail , Zappa et autres sidemen agrémentées de ses commentaires et de morceaux musicaux choisis.
Pour écouter le mp3 de l'émission
|