EVERITHING IS HEALING NICELY (1999)
Produced by Frank Zappa • Mixed 1991 & 1992 by Frank Zappa with Spencer Chrislu # UMRK 03 • Valor in the Field of Sequencing & Editing: Spencer Chrislu • Recordists: Marqueson Coy/Joe's Garage - David Dondorf/UMRK - Todd Yvega, Synclavier Direct to Disc • Art on Cover by Christopher Mark Brennan • Art Direction by Gail Zappa • Design by Antony Neely @ Tracy Veal Design • Liner notes by Ali N. Askin, Todd Yvega & Gail Zappa •Joe's Garage Studio & UMRK July, 1991
Tracks: • Library Card • This Is A Test (Aka Igor) • Jolly Good Fellow • Roland's Big Event/Strat Vindaloo • Master Ringo • T'Mershi Duween • Nap Time 9/8 Objects • Naked City • Whitey (Prototype) • Amnerika Goes Home • None Of The Above (Revised & Previsited) • Wonderful Tattoo!
"EIHN" Sous ce drôle de titre se cachent les enregistrements des répétitions de "THE YELLOW SHARK" au Joe's Garage Sudio, situé à Los Angeles, les locaux de répétition de Zappa ainsi qu'à son domicile. Ayant pour commande de monter le fameux opéra pour Francfort, Zappa, qui ne veut pas réitérer les erreurs du passé concernant l'interprétation de son oeuvre contemporaine, a convaincu les jeunes musiciens allemands de l'Ensemble Modern de venir le rejoindre à la "cité des anges" pour répéter tout comme il l'a toujours fait avec chacune de ses formations 'rock'.
Mais laissons lui la parole, ce sera toujours mieux que d'essayer une approche de critique de la musique contemporaine de Zappa, chose dont je suis incapable.

Don Menn: Combien de temps sont-ils restés ?
Frank Zappa: Deux semaines entières. Et il faut mentionner le fait que neuf d'entre-eux n'ont rien eu à payer durant tout ce temps .

DM: Ils étaient vraiment faits pour vous!
FZ: Il n'y avait rien qu'ils n'aient voulu essayer, si nous tendions vers un certain résultat musical tout le monde était d'accord. Le parfait exemple est qu'ils étaient tellement attirés par l'expérimentation sonore qu'ils voulaient tout tenter, jusqu'à maltraiter leurs instrument: les joueurs de 'cor français' étaient assis frottant le pavillon de leurs instruments sur le sol et quand on connaît le prix de ces instruments! Même si j'avais disposé de la crème des musiciens d'Hollywood, à aucun prix je n'aurai pu obtenir de tels sons. Et ils n'auraient certainement jamais voulu exécuter de telles choses.
L'autre grand son a été - il y en avait deux qui jouaient du didgeridoo - la première était une australienne qui était joueuse de aubois (ndlr: Catherine Milliken). Un après-midi, j'ai imaginé ce que pourrait être l'énorme son que l'on pourrait créer en jouant du didgeridoo trempé dans une tasse de café partiellement remplie. Je lui ai demandé si elle acceptait la chose et comme elle a été d'accord, laissez-moi dire.. c'était vraiment dégoûtant, ça m'a fait tellement rire que j'ai du quitter la pièce.

DM: Vous voulez dire qu'ils formaient un groupe brillant, très drôle à diriger ?
FZ: Ils sont très sérieux pourtant. Ils ont un humour de "type germanique", vous voyez ce que je veux dire ? C'est comme si tout avait un autre éclairage grâce à cet autre type d'humour, les choses bénéficiaient d'une autre perspective. De toute façon savez-vous ce qu'il advient si vous prenez une paille et que vous soufflez dans le contenu d'une bouteille de coke à moitié remplie ? Imaginez une paille avec un diamètre d'un pouce et demi/ deux pouces, cela conserve une résonance due au bois. Vous voyez le son qui sort d'un didgeridoo ? Ce bruit ressemble à un vrombissement circulaire grave de respiration nasale. Si vous placez n'importe quoi qui puisse produire ce bruit dans un liquide vous obtenez la tonalité et les bulles en même temps. C'est pas mal dégueulasse mais c'est fascinant.

DM: Combien en avez-vous mis dans ce nouveau projet ? Est-ce une petite ponctuation occasionnelle ou est-ce que cela fera partie du thème ?
FZ: Elle va avoir son solo !

DM: Est-ce qu'elle est au courant ?
FZ: Bien sûr, tous autant qu'ils sont du moment où ils investissaient leur temps libre pour mener à bien ce projet. Elle devait partir à la veille de la dernière représentation et j'ai vérifié que j'avais bien la totalité de son interprétation de samplée avant de la laisser partir. Je l'ai bien remerciée pour son intervention avant de lui faire mes adieux et la soirée suivante nous avons donné notre dernier concert. Et elle était revenue ! Elle avait annulé son vol parce que ça l'amusait vraiment trop! A la fin du truc elle a dit: "De toute ma vie musicale, je ne me suis jamais autant amusée que durant ces deux dernières semaines, à travailler sur ça." J'étais stupéfait parce que cela représente beaucoup d'heures d'un dur labeur.

DM: Vous leur permettez d'être créatifs, vous utilisez le meilleur de leurs qualités, de dépasser leurs limites dans des domaines où ils n'auront certainement plus la chance d'expérimenter.
FZ: Effectivement, la première étape est de trouver ce qu'ils pourraient être capables d'improviser. La plupart des musiciens issus de cette "famille" ne le font jamais. Pour la première fois de leur vie ils ont la chance de jouer un solo et passent de la terreur à l'extase vous imaginez ?.

DM: Vous leur avez donné cette opportunité. Vous avez la réputation d'être le mentor de jeunes talents et/ou l'accoucheur de la carrière de musiciens auparavant inconnus. D'où cela vient-il ?
FZ: Je pense que cela a à voir avec les fractals. Plus je réfléchis aux fractals, plus les fractals se mettent à ressembler précisément de ce que je fais.

DM: C'est-à-dire ?
FZ: Well... si vous tentez de séparer l'ordre du chaos, c'est un peu présomptueux!, que vous teniez l'ordre dans une main et que dans l'autre vous teniez le chaos, la théorie des fractals tombe à pic entre ces deux attitudes. Rythmiquement. si vous divisez l'univers sur une base de deux ou trois, c'est ce qui ce passe fondamentalement dans le domaine de la subdivision rythmique, on peux dire que jusqu'à un certain point vous êtes en train de rater le bateau, le bateau fractal. A l'inverse des divisions par deux ou par trois groupées en onze ou en treize ou quoi que ce soit d'autre, si vous pouvez imaginer des relations de quelques micro-secondes comme étant des éléments réels des polyrythmes, vous aurez une idée plus proche de la façon dont je vois les choses. Ensuite si vous vous voulez, vous pouvez transposer cela au domaine anthropologique. Comment pourrais-je être, comme vous dites, un mentor pour ce genre de personnes ? Cela semble seulement dire que l'avantage est en ma faveur, que si je persiste à faire ce que je suis en train de faire, nous nous rencontrerons.     Extrait de the Don Menn Interview. summer '92


 
Yellow Shark Rehearsals Part.1

Yellow Shark Rehearsals Part.2

Yellow Shark Rehearsals Part.3

Frank Zappa - L. Shankar - The Ensemble Modern: Peter Rundel, Hilary Sturt, Thomas Fichter, Catherine Milliken, Wolfgang Stryi, Franck Ollu, William Formann, Uwe Dierksen, Daryl Smith, Ueli Wiget, Rumi Ogawa-Helferich, Detlef Tewes, Mathias Tacke, Friedemann Döhn, Dietmar Wiesner, Roland Diry, Veit Scholz, Stefan Dohr, Michael Gross, Michael Svoboda, Hermann Kretzschmar, Rainer Römer, Andreas Böttger, Jürgen Ruck