Frank Vincent Zappa est décédé dans la maison qu'il habitait avec sa famille à Los Angeles, le samedi 4 décembre 1993 peu avant 16 heures, d'un cancer de la prostate. Il a été inhumé dans la plus stricte intimité (sa femme et ses quatres enfants). L'annonce de sa mort n'a eu lieu que le mardi suivant.
Il laisse une invraissemblable discographie de plus de cinquante disques compacts , tous disponibles (un exploit) et deux vidéos; l'abscons "200 Motels" et bientôt " The Amazing Mr. Bickford" . Les moments les plus inspirés de ce géant américain ont été quelque peu noyés, tant dans ses propres bouffoneries et blagues de potache que dans une œuvre très vaste souvent incohérente mais sans cesse réédité, à laquelle viendront très bientôt s'ajouter deux nouvelles rééditions: "Does Humour Belong In Music?" et "Lost Episodes3. Sans parler de l'hommage qui vient de lui être rendu deux mois avant sa mort par les anciens membres de son groupe, les Mothers Of Invention qui ont concocté un disque-tribute à leur ami Frank mourant en reprenant se vieux morceaux: "Zappa Universe".

Visionnaire à moustache canular, charlatan ? Imposteur ? Technicien égaré dans le travail, ayant perdu toute direction intéressante ? Aigri sarcastique ? Ou visionnaire extra-lucide ? Un jour Lou Reed a vu en lui "le musicien le moins talentueux de tout le show buziness" mais combien de musiciens majeurs ont vénéré son hatitude satyrique, qui manque tant aux Etats-Unis ? Il faudra du temps pour évaluer l'importance de son œuvre dans la musique pop. D'abord, Frank Zappa n'a jamais vraiment été un musicien de rock. De plus, sa musicale rébellion contre l'ordre établi (et, par extension, contre la bêtise humaine et américaine en particulier) n'a que rarement ressemblé à une "attitude rock", ou tout du moins celle admise par le rocker "moyen". Pourtant sur son premier disque, "Freak Out" en 1967 (son "Trouble Comin' Every Day" est un modèle d'hymne rock à l'insoumission, avec un son psychédélique qui n'a rien a envier à celui des des Soots ou du Count Five de "Psychotic Reaction". Son discours acerbe de freak ressemblait déjà à celui de Bob Dylan bien sûr (encore lui), le poète contestataire humoriste qui a, depuis, déteint sur trois générations.
BRUNO BLUM